LIBRIS
Je suis libre de ne pas choisir les nations
Je suis libre de nier les condamnations
Je suis libre de partir, libre de rester
Et je suis libre d’aimer ou de détester.
Je suis libre de me jeter sur la falaise
A l’endroit où l’altitude est la plus mauvaise.
Oui ! J’ai la liberté de prendre un autre verre
Et d’ajouter un pied à n’importe quel vers.
Je suis libre d’éteindre le téléviseur
Et de brûler les journaux ces mauvais diseurs ;
Je suis libre de couper le son des radios
Parfois il vaut mieux être sourd qu’être un idiot.
J’ai la liberté de ne pas lire les livres
Qui m’attachent au sol alors que je suis libre
J’ai la liberté de ne pas choisir de camp
Sinon celui du vers, c’est le plus éloquent.
J’ai le choix de ne pas boire dans ces latrines
Où chacun vaque en faisant du lèche-vitrine.
Je veux choisir mon propre dieu, mon propre enfer
Je suis libre, personne ne peut rien y faire.
C’est pour cela que je m’en vais loin des prisons
Ouvertes au public et cachant l’horizon.
Je veux être comme le bateau sur la mer
J’étais libre aussi dans le ventre de ma mère.
Un artiste est souvent l’homme qui se sent libre
D’exploser à travers mille volcans qui vibrent ;
Nos chansons, nos livres, nos peintures, nos âmes
Ce sont des cris, des rêves, des endroits, des larmes.
Abad Boumsong "Le livre du néant"
Éditions L'harmattan 2008